Alors que je regardais un reportage produit par la chaîne Arte (sur la dictature en Iran si vous voulez tout savoir), un extrait de discours attire mon attention. Le documentaire est passionnant, le discours intéressant, mais ce que je retiens c’est que l’extrait retenu se termine sur un début de phrase qui reste en suspens. Ce détail n’entame en rien la qualité de l’ensemble, ni même celle du montage mais me replonge dans un échange avec des clients qui insistaient sur la qualité de rendu qu’ils attendaient de ma part : « Il faut que ce soit du niveau des podcasts de France Culture ! », exigeaient-ils.
Podcast : Qualité et exigence
À titre personnel, je suis pour l’exigence et la qualité. Puisque l’on parle ici de podcast, je mets un point d’honneur à fournir des audios les plus propres possibles par rapport aux conditions d’enregistrement, un montage nettoyé de toute coupe brutale dès que c’est possible, une voix off claire et nette ( et tant qu’à faire agréable). Les clients ne me demandent pas forcément toutes ces prestations pour leur podcast mais la plupart du temps, j’assure la prise de son, les interviews, l’écriture et la scénarisation du podcast, son montage et parfois sa diffusion. Il se trouve que les clients qui avaient pour référence les podcasts de la célèbre radio de service public ne voulaient qu’une assistance technique. Pour faire simple : du montage.
Sauf que le montage, ce peut être très simple (bien que souvent très chronophage) mais ça peut s’avérer très compliqué si les enregistrements mis à disposition sont de mauvaise qualité. Devinez quoi ? Les fichiers audios enregistrés de manière intuitive ( comprendre sans maîtrise du matériel et des basiques de la prise de son) étaient tous de qualité très moyenne voire mauvaise. Le souci : les délais et les entretiens de plus d’une heure menés pour la majorité à l’étranger qui ne pouvaient pas être refaits.
Podcast : il ne faut pas compter sur les miracles !
Soyons clairs : aucun enregistrement avec des bruits ambiants (une voiture qui passe au moment où votre invité parle au micro), les bruits parasites (les sons [p] ou [t] qui crachent dans le micro), les prises de sons faites à très faible volume, aucun de ces enregistrements ne peut être retravaillés, et ce quel que soit le logiciel utilisé (open source ou payant). Bien sûr, il y a des niveaux d’expertise. Pour avoir travaillé chez Radio France Internationale, j’y ai côtoyé de très bons techniciens du son qui se chargent du son qui est diffusé à l’antenne.
Dans d’autres grosses structures, il existe des ingénieurs du son capables d’améliorer trois minutes de son médiocre d’une façon remarquable à condition d’y passer trois jours pleins, nuits comprises (témoignage de première main : les trois minutes d’interview d’un auteur de best-sellers étaient techniquement épouvantables et l’ingénieur a fait tourner plusieurs machines pour nettoyer le tout). Bref, autant dire qu’il est rarissime de disposer des moyens humains et techniques pour réaliser de tels sauvetages.
Je n’ai pas du tout le niveau d’un ingénieur du son, pas même celui d’un technicien du son. Je travaille honnêtement le son comme tout journaliste radio qui aime et qui produit des podcasts. Comme j’aime la musique et que je chante, forcément, mon oreille est sensible au son, à sa mélodie, à l’équilibre des volumes. Je propose un travail professionnel pour tous les podcasts que je produis. Même quand je n’assure pas la prise de son, comme avec ce groupe d’étudiants de Sciences Po Paris qui s’était intéressé à l’écologie et à la jeunesse, je fais en sorte que le rendu soit le plus impeccable possible.
Pour des motifs de budget restreint, le client peut vouloir prendre en charge une partie du travail, et c’est compréhensible : ce sera toujours ça d’économisé… Pourtant, comme pour votre voiture, vous n’êtes pas toujours gagnants à vous occupez vous-mêmes des réparations, et vous finissez par vous rendre chez le garagiste avec plus de souci qu’au départ. Je choisis de comparer le podcast et la mécanique parce que je n’y connais rien en mécanique auto ! Il y a de bons bricoleurs mais rien ne vaut l’intervention d’un professionnel. Si vous avez l’intention de faire les 24 heures du Mans ou plus vraisemblablement d’emmener les enfants à l’école ou entreprendre un voyage à l’autre bout de la France, faites confiance à votre mécano. C’est pareil pour le podcast, faites confiance à un professionnel.
Une écoute mutuelle pour créer votre podcast
Si le professionnel du podcast vous suggère d’assurer lui-même la prise de son, les interviews, la sélection de l’habillage sonore (musiques d’ambiance et bruitages), faites-lui confiance. Il ne s’agit pas de faire durer la prestation et d’alourdir la facture. Il y a fort à parier qu’il passera plus de temps à « récupérer » ce qu’il peut dans les enregistrements amateurs qu’à venir sur place enregistrer les prises de parole ou mener les entretiens.
Avant de signer un devis, écouter ce que ce professionnel a produit et soyez attentifs aux prérequis qu’il demande. Dispose-t-il de son propre matériel ? Quelles conditions d’enregistrement sont nécessaires (une salle fermée et isolée du bruit par exemple) ? Avez-vous une idée de l’ambiance musicale que vous aimeriez donner à votre podcast ? Si oui, faites-lui écouter des extraits qui s’en rapproche ?
N’en restez pas à des généralités. Un jour, j’avais proposé un « style urbain » en tenant pour acquis que mes clients s’imagineraient tout de suite un tempo hip hop, un beat proche du rap… Je me trompais : ils n’avaient aucune idée de ce que j’entends par « son urbain ». Après une écoute de quelques extraits, c’était plus clair. Une étape indispensable : parler de ce que l’on aime comme podcasts déjà existant sur le marché, de ce que l’on aimerait comme habillage musical pour son podcast.
Comme dans tout projet, l’expression de besoins est une étape indispensable avant de se lancer. Ce rappel peut paraître une évidence mais, bien souvent, parce que l’on veut démarrer très vite, on a tendance à négliger cette étape, en particulier les mises en garde sur les limites d’un projet. Si un professionnel est honnête, il vous indiquera ce qu’il est en mesure de faire et ce qu’il ne peut faire (des miracles par exemple sur des fichiers sonores défectueux).