Idée reçue : il faut de gros moyens pour produire un podcast

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Podcast : les coulisses

Les clients me demandent parfois avec quels outils et avec quels moyens je produis les podcasts qu’ils me commandent. On aime bien connaître les coulisses d’un métier. C’est pourquoi aujourd’hui j’ai décidé de briser une idée reçue : il ne faut pas de gros moyens matériels pour produire un podcast. (En revanche, il faut de la méthode, de la créativité et du temps. Ça aussi, je vous en parle).

Quand j’étais professeur stagiaire (autant dit dire il y a fort longtemps, dans une autre vie professionnelle), j’avais suivi une formation de deux jours en photographie. Pourquoi l’institut de formation des enseignants proposait ce module plutôt qu’une formation en psychologie de l’adolescent ? Je ne sais pas, mais c’est de toute façon un autre sujet… Le formateur avait déclaré de façon aussi surprenante que marquante : « Pas la peine d’avoir un appareil photo très sophistiqué pour faire une belle photo. Ce n’est pas l’appareil qui fait le photographe. Vous pouvez faire de très belles photos avec un appareil jetable. » L’appareil jetable n’évoque sans doute rien pour les plus jeunes d’entre vous, mais il vous suffit de comprendre que c’était une espèce de gadget qu’on méprisait un peu, comparé aux appareils reflex complexes et haut de gamme.

Dans de nombreux domaines, artistiques en particulier, cette vérité s’applique. Il va de soi qu’avec un certain degré d’expertise on peut tirer le meilleur d’outils très complets et plus sophistiqués. Il ne s’agit pas non plus d’encourager l’amateurisme dans ce qu’il a de brouillon et de médiocre ! En revanche, en matière de production de podcast, on peut faire bien, et même très bien, avec des outils simples et des ressources ouvertes à tous.

Podcast : les outils

Focus sur le Zoom

Je commence par un outil payant mais qui rend d’excellents services. L’achat de cet enregistreur représente un véritable investissement gagnant. Comptez 249 euros à l’heure où j’écris ces lignes pour le modèle que j’utilise. J’ai constaté que le prix ne variait pas au fil du temps. Le modèle H5 permet d’enregistrer des bruits d’ambiances mais aussi plusieurs pistes micro. Vous pouvez y raccorder deux micros (non inclus et j’y reviens dans un instant). Les fichiers ainsi enregistrés sont ensuite faciles à télécharger sur votre ordinateur pour l’étape de montage de votre podcast.

Alternative à l’enregistreur professionnel : le smartphone à la pomme

Je passerai rapidement sur cette option d’enregistrement car je ne l’ai jamais essayée moi-même. À l’école de radio, les formateurs autorisaient l’utilisation de l’enregistreur de l’IPhone à défaut de Zoom. J’ai pu constater que la qualité du son, au moment du montage, était très bonne, voire équivalente à celle de l’enregistreur pro. En radio, il est également utilisé pour des interviews improvisées ou rapides, avec un simple branchement micro. On ne peut pas dire qu’il s’agit d’une alternative sans frais vu le coût d’un tel téléphone. Si vous en êtes déjà propriétaire, vous pouvez cependant tester son enregistreur.

Un bon micro pour un bon podcast

Je ne parlerai que la référence de micro que j’utilise. Ce modèle m’a été recommandé par un entrepreneur spécialisé dans la création de régie radio. Il s’agit du micro Thomann SM 58, pour un prix de 175 euros (prix constaté en novembre 2025). Il était déjà vendu à ce prix il y a trois ans, là aussi, c’est constant ! Solide, pratique, ce micro est idéal pour l’enregistrement d’interviews dans le cadre d’un podcast. Il ne prend pas les bruits parasites et se concentre sur la voix de votre invité. Le son devient facile et agréable à travailler.

Pour l’enregistrement et pour le montage : l’indispensable casque

Sur les chaînes YouTube des radios et des podcasts filmés, vous apercevez parfois des interviewés et des interviewers avec un casque posé sur une oreille seulement… Grosse erreur pour bien s’immerger dans le son perçu par l’auditeur… Pour l’enregistrement du son pour le podcast, pour faire simple, c’est pareil que pour la diffusion : le casque est indispensable. La référence la plus courante et la plus performante dans les studios radios est parfaite. Le Beyerdynamic DT 990 est souvent en promotion à moins de 150 euros.

Passons au montage du podcast

Une fois que l’on a tous les enregistrements, il fait passer à l’étape du montage du podcast. Il existe évidemment de nombreux logiciels de montage très bien, comme Adobe audition ou Acid (beaucoup utilisé dans la production musicale). Sachez qu’il existe une pépite accessible gratuitement : Audacity. Outre sa gratuité, son principal avantage, c’est son caractère intuitif. Une fois qu’on s’est familiarisé aux principales fonctions, on peut explorer très facilement toutes les autres fonctionnalités.

Les habillages sonores

Une des dimensions que je préfère dans le podcast, c’est créer une atmosphère qui lui soit particulière. Cette ambiance est créée d’abord par le contenu, le rythme… et l’habillage sonore. Pour les musiques, j’utilise des banques de son qui proposent des fichiers qui précisent systématiquement les auteurs à citer. Pour les bruitages (vent qui souffle, page qu’on tourne, sonnette de porte d’entrée…), j’ai envie de mettre en avant un site que j’utilise très souvent et qui a besoin d’être soutenu : La Sonothèque. Je ne connais pas son auteur, Joseph Sardin, mais il propose une mine d’or.

Une fois n’est pas coutume pour moi, je termine sur des chiffres ! Et plus précisément une addition. Si on tient compte des prix de l’ensemble du matériel indispensable pour la production d’un podcast, à savoir : un enregistreur, un micro et un casque (j’exclus l’ordinateur), comptez moins de 600 euros.

Ce que vous payez dans la création d’un podcast

Vous l’aurez compris, pour créer un bon podcast, il n’est pas nécessaire de disposer de ressources matérielles démesurée. Même la location d’un studio d’enregistrement quand on en a besoin ne représente pas une dépense excessive. En revanche, ce qui est indispensable, et c’est cela que le client paie, c’est de l’écoute pour recueillir les besoins, du discernement pour orienter au mieux le client sur une piste de travail qui lui conviendrait et à laquelle il n’avait pas forcément pensé à l’origine, et de la créativité pour écriture, mettre en scène, faire le montage enrichi des enregistrements bruts. En résumé, de l’écoute, du soin, de l’attention… En deux mots : des compétences et du temps.

Si vous avez une idée de podcast, faites comme ce professionnel du droit qui vient de me solliciter pour un conseil pour une série de podcast : il a accepté de m’en parler autour d’un petit-déjeuner. Une rencontre qui n’engage à rien, l’occasion de comprendre son objectif et de lui expliquer comment je pourrais l’aider à concrétiser son projet de podcast. (J’accepte aussi les échanges par téléphone, rassurez-vous.)